Eduardo Arroyo est aujourd’hui considéré comme l’un des grands peintres espagnols de sa génération. Né en 1937 à Madrid et rattaché au courant de la Figuration narrative qui se développe en Europe dans le début des années 1960, il peint l’humanité à travers des jeux d’images dont l’origine est tant la société que l’Histoire, l’histoire de l’art ou de la littérature. Eduardo Arroyo, qui est aussi écrivain, utilise la narration par fragment avec humour et goût du paradoxe. Elle se traduit dans une œuvre picturale extrêmement construite et faisant preuve d’une liberté constante.
Artiste engagé, Eduardo Arroyo refuse toute esthétisation complaisante de l’art et défend l’exemplarité de l’œuvre, la force de l’image. Il veut que sa peinture soit accessible au plus grand nombre. Ses toiles sont peintes en aplats, mais il emploie aussi fréquemment le collage. Il exécute également des sculptures pour lesquelles il utilise la terre cuite, le fer, la pierre, le plâtre et le bronze. L’usage du « nonsense », de l’absurde, en fait un héritier direct de Lewis Caroll et de Francis Picabia.
« La peinture est en quelque sorte littéraire ; et c’est dans ce sens que je travaille sur des thèmes. Il y a un début, une fin, des personnages, et l’ambiguïté propre aux romans. C’est donc un récit, comme si j’avais écrit une quinzaine de romans… », explique en effet Eduardo Arroyo. Daniel Rondeau rappelle: « Arroyo a commencé par être écrivain et qu’il l’est resté, même quand il peint », et il estime: «Un roman dort sous chacune de ses images».